Après avoir écumé slaloms et courses au volant de sa barquette, Alain Pétrus éduque les jeunes pilotes de l’opération “ Les lycées dans la course ”.
C’était le temps ou l’on courrait le dimanche avec la voiture de tous les jours, sans rien y changer, pas même les pneus. Nous sommes au beau milieu des Trente Glorieuses, lorsqu’Alain Pétrus s’aligne pour la première fois dans une compétition : « C’était au volant d’une 2 CV pour un gymkhana sur l’herbe dans l’Indre », raconte avec précision le désormais retraité de la compétition, qui vit à Thésée.
Dauphine, R8, Simca 1000, une monoplace succèdent à la Deudeuche : « Je ne me sentais pas à l’aise dans la monoplace, j’ai alors décidé de construire mon propre prototype », poursuit celui qui a effectué une grande partie de sa carrière professionnelle chez Matra Auto. Sa fameuse barquette, avec laquelle il va remporter d’innombrables victoires de classe et quelques scratchs va devenir célèbre au-delà de la région : « J’ai ensuite construit un deuxième prototype avec mon ami Jean-Paul Millet. Je garde en mémoire de belles victoires de classe au Mont-Dore et nombre d’autres souvenirs, parfois plus tristes car des copains ont trouvé la mort en course. »
Le pilote solognot n’a jamais voulu se laisser tenter par l’acquisition de bolides plus puissants qui nécessitent un budget exponentiel : « C’est une des raisons qui m’ont poussé à mettre un terme à ma carrière, c’est la course au fric, il faut notamment trois trains de pneus par saison, ce n’était plus possible », explique encore le féru de mécanique.
C’est devenu la course au fric Alain Pétrus, qui a fait partie de l’équipe qui a lancé le slalom de Romorantin, s’est vu confier par la Ligue régionale le soin d’encadrer de jeunes pilotes : « la ligue du Centre-Val de Loire de sport automobile confie des monoplaces à des lycées professionnels. La Ligue prend à son compte les frais d’engagement et les licences, charge aux établissements d’entretenir et de préparer la voiture. Les monoplaces participent à différentes épreuves dans la catégorie “ Les lycées dans la course ”. »
Alain Pétrus est chargé d’encadrer cette opération auprès des lycées de Châteauroux, Bourges, Vendôme et, bien sûr, du lycée Denis-Papin de Romorantin : « Je suis chargé de leur donner des bases de pilotage car ce genre de bolide, qui ne possède pas de direction assistée par exemple, demande un sérieux apprentissage. Le dernier pilote en date pour le lycée de Romo était vraiment très doué, mais ses études l’ont éloigné de la Sologne. »
Transmettre son savoir et continuer à mettre les mains dans le cambouis – il restaure toujours des voitures, dont une Alpine en ce moment – Alain Pétrus vit sa passion d’une autre manière et ne manque pas une occasion d’assister à des compétitions régionales, histoire de revoir des amis pilotes qui l’ont accompagné pendant un demi-siècle pour les plus anciens.
Source : La nouvelle république – 04/12/2018